sexta-feira, 8 de julho de 2011

Apelo

O "Le Monde.fr" lança hoje um apelo : Portugais, quel est l'impacte des mesures d'austérité sur votre quotidien?

"Vous ou votre famille habite au Portugal ? Quels sont les effets concrets des mesures d'austérité sur votre vie quotidienne ? Ressentez-vous une différence ces derniers mois ? Comment réagissez-vous à l'abaissement de la note de la dette portugaise par l'agence Moody's ? Craignez-vous de nouvelles mesures d'austérité ? Une sélection de vos témoignages sera publiée sur Le Monde.fr". 
Que bela oportunidade para fazer coro com o Embaixador de Portugal em França aqui e aqui. E também aqui ou aqui!


Em tempo: O "Le Monde.fr" publica hoje, 11 de Julho, algumas respostas a este apelo:


Les portugais sont en colère contre Moody'y
"Après tout ce que nous avons souffert, et ce que nous allons souffrir encore, nous réagissons très mal." A Lisbonne, Inès Furtado, professeur syndiquée de 60 ans, n'accepte pas les décisions de Moody's d'abaisser la note de la dette du Portugal de quatre crans ainsi que celle de quatre banques portugaises. Malgré le programme de rigueur mis en place en échange d'un prêt de 78 milliards d'euro, l'agence de notation craint que le Portugal ne parvienne pas à tenir ses engagements en matière de réduction des déficits.


"Si jusqu'à présent les Portugais ont accepté les indications des agences de notation financière, c'est que le gouvernement socialiste sortant manquait cruellement de crédibilité", estime Jony Pereira, un internaute de 34 ans qui a répondu à notre appel à témoignages. Tout au long de son mandat, ce dernier "a appliqué des mesures d'austérité, en affirmant que c'étaient les dernières" et que jamais le Portugal n'aurait besoin de l'aide du Fonds monétaire international (FMI). Autant de promesses non tenues qui ont poussé les Portugais à avoir "un peu plus confiance" en l'Europe et les agences de notation qu'en leur propre gouvernement. Mais, aujourd'hui, M. Pereira juge que "la donne a changé", et que le gouvernement actuel "donne l'impression d'être responsable", ce qui explique l'indignation et la surprise des Portugais.


Mais tous ne sont pas surpris. "Les agences de notation sont très liées à des intérêts particuliers, à des clients qui sont joueurs sur le marché", accuse Joao Teixera Lopes, sociologue à Porto et ancien élu du Bloc des gauches (BE, anticapitaliste). Dans un pays où le chômage atteint 12,4 % de la population active (au premier trimestre 2011, un record), cette annonce inquiète. "La vie des Portugais n'est pas facile aujourd'hui, rappelle Mme Furtado, et avec Moody's, Fitch et les autres agences de notation, la vie est encore plus difficile."
"DES PRIX PARFOIS ÉQUIVALENTS AUX PRIX PRATIQUÉS EN FRANCE"
Pour ramener son déficit public de 9,1 % à 5,9 % dès cette année, le gouvernement socialiste, battu aux législatives de juin, puis le gouvernement de droite ont pris une série de mesures qui touchent directement le portefeuille de ses concitoyens : hausse de la TVA, baisse des dépenses publiques de santé, baisse des salaires supérieurs à 1 500 euros dans la fonction publique, des allocations chômage et de la prime de fin d'année. Pour Ana Silva Martins, étudiante de 22 ans "choquée" par les annonces de Moody's, ces mesures "marquent beaucoup plus les esprits" de ses compatriotes que les notations des agences.
"Le prix de certaines denrées alimentaires ou vestimentaires sont parfois équivalents aux prix pratiqués en France alors que ces deux pays n'ont pas le même niveau de vie", explique Cécilia Tinoco, l'une de nos internautes. Guisa Corria, permanente syndicale de 56 ans, fait le même constat. "Concernant l'alimentation, il faut penser à acheter des choses moins chères, et de moins bonne qualité, indique-t-elle. J'aime bien le poisson frais, mais c'est trop cher."
Cette hausse des prix concerne également d'autres secteurs. "Le prix d'un ticket de métro a complètement changé, constate Rita Porto, étudiante en journalisme à Lisbone, c'était 1,20 euro il y a quelques années, et maintenant, c'est 1,50 euro."
Traditionnellement, "le Portugais sort beaucoup le soir, et mange beaucoup à l'extérieur" rappelle M. Pereira. Un mode de vie aujourd'hui menacé. "Le taux de fréquentation des restaurants a chuté, juge-t-il, et autour de moi, je vois des restaurants qui ferment." "Je ne peux plus faire des choses que je faisais avant,confirme Mme Furtado, dont le revenu est de 2 000 euros par mois, comme partir en vacances et avoir de petits loisirs." "Le peuple portugais continue à sortir ou à réaliser de merveilleuses fêtes populaires comme la Saint-Jean", nuance cependant Mme Tinoco.
Les effets des mesures d'austérité se font également ressentir sur les services publics. "Beaucoup de médicaments ne sont plus remboursés maintenant",regrette l'internaute Claudia Rodrigues. Habitante de Porto depuis près de seize ans, elle ajoute que six bureaux de poste ont été supprimés ce mois-ci dans la ville.


"LES GENS SONT TRISTES ET RÉSIGNÉS"
L'Etat cherche également à faire des économies ailleurs, en réduisant ses effectifs. De plus en plus nombreux depuis quelques années, les précaires de la fonction publique souffrent. Enseignant vacataire au collège public d'Albufeira (sud du Portugal), Jony Pereira constate une augmentation du nombre d'élèves par classe et la suppression de certaines matières (aides aux études et projet de classe) et activités extrascolaires. Deux phénomènes qui vont logiquement entraîner des suppressions de postes. "Du coup, mon avenir professionnel est incertain, alors que j'enseigne depuis presque onze ans" s'inquiète-t-il.
Certains de ses collègues sont déjà touchés. "A la moitié du mois, je n'ai déjà plus argent", explique Victor Miranda, professeur syndiqué, et vacataire depuis une quinzaine d'années. Il dit ne plus avoir suffisamment d'argent pour acheter un livre pour l'école ou se payer une formation. En contrat précaire, il touche moins de 1 500 euros par mois et, pour boucler son budget, il doit demander l'aide de ses proches.
M. Miranda n'est pas le seul Portugais à se trouver dans une situation financière difficile. "Ces vingt dernières années, les Portugais ont vécu un peu au-dessus de leurs moyens", note M. Pereira. Ils ont contracté de nombreux crédits, et n'arrivent plus à les rembourser aujourd'hui, à cause de la baisse des salaires et de la montée du chômage.
M. Pereira raconte l'histoire de la cousine de sa compagne, obligée d'emprunter une deuxième fois pour rembourser un premier crédit. "Elle s'est un peu emmêlé les pinceaux, et elle vit très très mal en ce moment, expose-t-il, elle fait des heures supplémentaires et son mari travaille comme un dingue" pour rembourser la dette du couple.


D'autres sont dans une situation encore plus difficile et n'arrivent pas à tenir jusqu'à la fin du mois, raconte Joao Teixera Lopes. Le sociologue vit à Porto, dans le nord du pays, une zone particulièrement touchée par la crise économique. "Il y a de la faim au Portugal, estime-t-il, si vous habitez dans une grande ville, vous voyez la nuit des centaines de personnes qui sont en train de s'alimenter dans les institutions de charité." Il décrit une situation "de profond malheur social" et "des gens tristes et résignés".


"LES GENS N'ONT PAS D'AUTRES CHOSES À DONNER"
Une résignation qui explique pour M. Teixera Lopes l'absence de mouvement social fort comme en Grèce dans les rues portugaises. Victor Miranda estime que la majorité de ses compatriotes n'a pas compris ce qu'il se passe. "Il y a beaucoup de monde qui pense qu'avec ces mesures, la situation sera meilleure d'ici trois, quatre ans" explique-t-il, avant de confier son scepticisme : "Je pense que nous allons être en crise dans les vingt prochaines années." M. Teixera Lopes ne se fait pas plus d'illusions sur l'avenir. "Cela va être très dur, je pense que le Portugal ne va pas être capable de payer sa dette et qu'il faudra la restructurer", estime-t-il. Il craint que les mesures d'austérité n'étouffent l'économie portugaise et ne mettent fin à certains services publics comme la santé.
Tous s'inquiètent de nouvelles mesures d'austérité. "Je ne sais pas quelles mesures ils vont inventer pour trouver de l'argent, s'interroge Rita Porto, parce que les gens n'ont pas d'autres choses à donner." Si de nouvelles mesures sont prises, la jeune femme pense que les gens descendront dans la rue. "Je ne crois pas qu'il y aura à court terme des manifestations populaires importantes, tempère M. Pereira, mais la situation pourrait changer d'ici la fin de l'année, s'il n'y a pas de résultats positifs visibles, comme une baisse du chômage."

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